Menu

Rattrapage printemps

Rattrapage printemps

Alors que la rentrée littéraire 2025 arrive à grands pas, voici quelques titres qui n'ont jamais quitté l'étal depuis le printemps, qui sont de grands coups de cœur, qu'on a adoré lire et conseiller à nos lecteurs, livres coups de poings, tranchants, ou régal d'écriture et qu'il sera toujours temps de lire dans dix ans parce qu'ils sont vraiment très inspirants.

Jérôme CHANTREAU
L'affaire de la Rue Transonain
Éditions La Tribu

11.png

12.png

Jérôme Chantreau avait déjà été très remarqué il y a quelques années pour son roman-enquête Belhazar, toujours disponible en poche, et c’est à nouveau une enquête qu'il nous offre ici, dans un Paris d'avant les grands boulevards, un Paris que n'aurait pas renié Victor Hugo. Tandis qu'à Lyon,une des premières révolte ouvrière, celle des canuts, vient d’être réprimée dans le sang, Adolphe Thiers prévient son gouvernement et la préfecture qu'il n'est pas pensable que des barricades s'installent dans Paris. Rue Transonain (actuelle rue Beaubourg), une bavure éclate pourtant et 12 habitants d'un immeuble, aucunement militants ni syndiqués, sont tués par la troupe. Si Ledru-Rollin, avocat du peuple, demande la justice, Thiers charge un ancien acolyte de Vidocq de faire disparaître témoins et preuves, et de rendre un rapport dédouanant la police. C'est autour d'une mystérieuse jeune femme, apparemment échappée du massacre, que l'histoire va se cristalliser.
La reconstitution historique de Jérôme Chantreau est brillante, tous les personnages y sont réels et réalistes (sauf son enquêteurs, digne d'un certain Javert), et la fiction comble parfaitement les hiatus de l'histoire pour faire de cette enquête une course poursuite palpitante, violente mais pleine d'espoir, après la Vérité. La reconstitution du Paris de 1834 est très immersive, fourmilière grouillante, inadaptée à l'essor technique et économique qui s'amorce.Tous les ingrédients d'un roman historique haletant et addictif sont parfaitement maîtrisés et justifient le succès rencontré par le livre depuis sa sortie (Grand Prix des Lectrices de Elle).

_
Alexia SEDA
La nuit sera mon domaine
Éditions Timelapse

5.png

6.png

  Déclaration d'amour au langage, aux contes, à la parole qui passe et façonne la vérité, aux récits qui sauvent, aux rêves universels, à l'émancipation, à la liberté, au pouvoir des femmes, La Nuit Sera Mon Domaine est l'histoire des Mille et Une Nuits avant les Mille et Une Nuit, avant que Shéhérazade ne soit Shéhérazade, quand la fille du vizir décide de sauver les femmes en se sacrifiant pour elles, en occupant le monstre pour leur permettre la fuite. Le monstre, c’est le sultan, trop occupé à fêter la présence de son frère à sa cour pour se rendre compte que cela nuit à tout son peuple. Quand le peuple gronde, quand la colère supplée la raison, le sultan n'écoute plus que les ragots et sème la terreur dans le harem.
Mais la langue qui parle et l'oreille qui s'apprête à écouter rivalisent de ruses et d'intelligence pour déjouer les préjugés et révéler l'humanité en chacun de nous. La sagesse réapparaîtra alors qu'on la croyait perdue.
Alexia SEDA a une plume brillante et construit un récit qui nous interroge, nous perd, et nous rend captif dès ses premières lignes. Un conte, sans aucun doute, dans lequel les révélations ne cessent qu'à la dernière page. Magique !

_
Xavier LE CLERC
Le pain des français
Éditions Gallimard

13.png

14.png

  Un récit édifiant, basé sur des faits et des documents historiques. Dans les sous-sols de nombreux musées français, d'étranges et glaçantes collections de restes humains dorment sans que leur présence ne soit ni utile, ni remise en cause. Dans ce nouveau roman parfois dérangeant, questionnant profondément notre humanité, Xavier Le Clerc fait revivre une enfant algérienne dont le crâne repose au musée de l'homme à Paris. Le récit plutôt court,singulier et dense, réflexif et universel, soulève pourtant une montagne de questions autour de la fonction d'un musée, la colonisation, une science empirique, une colonisation violente et déshumanisante, le mensonge, le refus d'admettre l'indicible, mais également la difficulté à être soi lorsque les deux rives de la méditerranée se font aussi sauvages l'une que l'autre. Un ouvrage qui pose les questions préalables à toute réconciliation. A couper le souffle !

_
Maria José FERRADA
L'homme à l'affiche
Éditions Quidam


9.png

10.png

Maria José FERRADA se fait depuis quelques années le chantre incontournable de l'enfance, du dérisoire et de l'absurde, sa manière à lui de dénoncer sans en avoir l'air nos dérives contemporaines sans devenir complètement fou. A la sortie de Santiago, au Chilli, un bidonville entoure l'énorme autoroute par laquelle entrent et sortent les habitants et les travailleurs. Le long de cette autoroute, de nombreux panneaux publicitaires, gigantesques, électrifiés, éclairés, vantant des produits que ceux qui vivent dessous ne consommeront jamais. Un homme se fait embaucher pour s'occuper du panneau, et décide de laisser en bas sa famille, ses amis, ses voisins, pour habiter là-haut. 
Le roman est raconté, comme dans le précédent livre de FERRADA (Kramp), par le fils de cet homme, et décrit l'absurdité du quotidien, de l'attitude de tous ceux qui vont graviter autour de l'homme "perché". Car, de contemplatif un peu cinglé, tel qu'on le décrivait auparavant, Ramon va faire des envieux, comme si le simple fait d'avoir pris de la hauteur, au sens premier du terme, faisait de lui un prétentieux cherchant à s'éloigner de sa condition. De là à ce que le roman se transforme en fable cruelle sur la jalousie et l'incapacité à se réjouir de ce qu'on possède, ou en grand poème contemplatif, il n'y a qu'un pas, et ce n’est pas FERRADA, retranché derrière son humour corrosif, qui tranchera pour nous.

_
Nasim MARASHI
La mère des palmiers
éditions Zulma


meredespalmiers.png 

8.png

Si la littérature a pour but de faire gronder la terre et renverser des montagnes, provoquer nos émotions au plus profond de nos âmes, alors Nasim MARASHI est une très grande écrivaine. Inscrivant son récit dans la décennie qui suit la guerre entre l'Iran et l'Irak, elle raconte le basculement "tranquille" d'une femme qui a perdu son fils chéri lors de bombardements, et ne s'en remet jamais, malgré la naissance, certes tardives, mais attendue, d'un nouvel enfant quelques années plus tard. Au-delà des personnages, de l'Histoire et des situations tragiques et bouleversantes, le roman de Nasim MARASHI est admirablement construit. Jamais on entendra la voix de la "mère des palmiers", longtemps le sens de cette expression nous sera inaccessible ; elle nous perdra, par le jeu de l'Histoire, et des guerres qui se répètent toutes les décennies, sur l'identité de ceux qui sont tombés.
Dans la Mère des palmiers, tous les personnages sont singuliers et touchants, décidés à aller jusqu'au bout de leurs quêtes, à se confronter à l'impossible. Rassoul, le mari, se rend dans un village reculé d'Iran "récupérer" sa femme disparue. C’est lui qui raconte l'histoire de sa famille, prenant parfois des accents de conteur, tandis que la "cheffe" de ce village de veuves et de folles lui oppose l'impossibilité du retour. C’est brillant, subtil, dense, brutal, brûlant. Il ne se passera qu'une nuit, les mots gronderont comme un fleuve, la patience des Hommes sera mise à rude épreuve, la fatigue emportera la raison, mais les évidences rendront la Vérité aveuglante. Un très grand récit !

  

Infos

Commandes

Vous pouvez passer commande en appelant au 02 43 97 86 59 ou depuis la page Contact/commandes du site...

Mentions légales

Ce site est administré par Nicolas Rivet en qualité de gérant de la Librairie Carnets du Grand Chemin.
Toute réclamation peut être adressée au responsable par le biais du formulaire de contact du site.

Le site est hébergé en France par la société O2Switch.